Depuis la naissance occidentale de la typographie jusque dans les premières années du XIXe siècle, les machines à imprimer étaient en bois et il fallait mouiller le papier pour qu'il s'imprime correctement. Le papier ainsi amolli par le mouillage prenait, en plus de l'encre que lui transférait le caractère, sous la pression de la platine de la presse, l'empreinte en creux de ce caractère. C'est ce qu'on appelle le foulage.
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● Tant que la typographie est restée un procédé d'impression industriel (approximativement jusque dans les années 1970), le foulage était considéré par les imprimeurs comme un défaut qu'il fallait supprimer ou, du moins, minimiser au maximum.
● Après séchage du papier imprimé, il était mis sous poids pour redonner aux feuilles leur planéité, ce qui avait aussi pour conséquence de diminuer un peu le foulage. La reliure et ses mises en presse se chargeait de l'éliminer en totalité ou peu s'en fallait.
● Avec l'arrivée des presses métalliques, le mouillage du papier n'était plus nécessaire et les bons imprimeurs se faisaient un devoir de régler parfaitement la pression de leurs machines pour que l'encre soit transférée au mieux sur le papier tout en éliminant le foulage. |
Le foulage d'une édition non reliée XVIIIe siècle du Contrat social de Rousseau (Amsterdam, chez Marc-Michel Rey, 1772). |
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● De nos jours, la typographie a perdu son caractère de procédé d'impression industriel pour devenir un procédé d'impression artistique, et le foulage a perdu, lui, son caractère de défaut pour devenir une caractéristique intrinsèque et recherchée de l'impression typographique. Les techniques numériques ne peuvent offrir ni relief ni creux, c'est peut-être ce que l'on commence à leur reprocher : ce manque de sensualité au toucher.
● L'atelier de CLS, qui balance entre tradition et modernisme et ne rejette rien, se fait fort d'imprimer, selon les travaux et les désirs de l'interlocuteur, avec ou sans foulage prononcé.
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● Exemple d'impression sans foulage (extrait de la page consacrée à l'impression à partir de clichés au magnésium). |
● Au contraire, dans cet exemple, le foulage est prononcé. C'est à la fois une volonté expresse et une conséquence de l'emploi d'un papier très peu encollé (extrait de la page consacrée à l'impression de livres de bibliophilie. |
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Estampage
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● Les creux ou les reliefs créés dans l'épaisseur du papier peuvent aussi n'être pas qu'une simple conséquence de la technique utilisée mais une volonté expresse due à un élément contre lequel on presse le papier et qui y laisse la trace inversée de ses reliefs et de ses creux. On parle alors d'estampage. |
● Sorte de tentative à la limite conçue et réalisée pour les éditions Deleatur (Fable, de Jacques Abeille), cet estampage typographique pour tout un livre a été réalisé en imprimant la composition plomb sans encre et en réglant la machine à imprimer pour qu'elle produise un foulage extrême. Il n'est, hélas, pas sans danger pour les caractères soumis alors à rude épreuve.
Gaufrage
● Lorque le papier est fortement pressé entre deux éléments aux reliefs et aux creux inversés, qu'il se déforme sous leur pression et en garde la trace, on parle de gaufrage. Le gaufrage ci-dessous a été réalisé sur pur fil Johannot pour la couverture du Songe d'un typophile (extrait de la page consacrée à l'impression des livres de bibliophilie).
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